Yechiva Brunoy

Un article de Biographies.

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Source : Extraits d'un article de Kountrass

La Yeshiva Aujourd'hui
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La Yeshiva Aujourd'hui

Brunoy ! Des institutions créées après la guerre, c'est sans doute celle qui, avec sa voisine, Yerres, est la plus ancienne des institutions Loubavitch de France fonctionnant encore aujourd'hui. Et sans aucun doute aussi la plus vénérable. Il s'agit d'une Yechiva, située dans un cadre remarquable du sud de Paris, dans la tranquillité et la nature. Le domaine appartenait à « Monsieur », frère de Louis XVI, de son nom Gaston d'Orléans.

L'éloignement de la Yechiva du centre de Paris et de son remue-ménage continu en a fait un centre idéal pour l'enseignement de la Tora – à l'image de la petite ville de Loubavitch : le Tséma'h Tsédeq, l'un des anciens rabbis de 'Habad, s'était en son temps opposé au projet de la traversée de cette ville par une ligne de chemin de fer, désirant la voir rester dans la tranquillité…

Brunoy est de nos jours l'une des plus importantes Yechivoth de France, voire de l'Europe tout entière, avec 400 élèves !

Un premier groupe de trois jeunes gens a été accueilli à Paris même, dans la synagogue située rue Bourg-Tibourg, dans le 4ème arrondissement de Paris. Plusieurs enseignants y ont œuvré avant l'acquisition, avec l'aide du Joint, de la propriété de Brunoy.

La grande personnalité qui a dirigé la Yechiva durant une trentaine d'années est le rav Nissan Nemanov zatsal. Déjà très connu en Europe centrale, il avait dirigé la Yechiva de S. Pétersbourg. C'était un grand tsaddiq, réellement éloigné de toute considération liée à ce monde-ci, et ne cherchant qu'à servir le Créateur de toute son âme. Il s'investissait énormément dans la tefila, et éduquait le public de la Yechiva à en faire autant. Pour lui, toute considération matérielle était hors propos, et il faisait passer ce message aux jeunes : « Je comprends qu'un jeune doive manger du beurre, et qu'il lui faille du pain, mais pourquoi faut-il étaler le beurre sur le pain ? »

Son assiduité était phénoménale : une abeille l'ayant piqué pendant qu'il étudiait, il ne s'en est rendu compte qu'après avoir cessé son étude, lorsqu'il trouva sa main enflée.

Il a eu une influence très forte sur toutes les personnes qui ont évolué dans son entourage.

En une première période, il n'a pas cherché à accepter que des jeunes émanant des familles 'Habad, et la Yechiva desservent le public originaire d'Europe centrale qui s'était assemblé à Paris. Une seconde phase de l'histoire de la Yechiva s'est déroulée à partir de 1950, suite au développement des institutions Loubavitch au Maroc et au départ de France des nombreux réfugiés qui y avaient résidé dans les premières années après la Choa : Brunoy a été alors fréquentée par de nombreux jeunes Marocains – la Yechiva a compté à une certaine période quelque 150 jeunes gens venant de ce pays (c'est la « grande époque marocaine », quand la Yechiva d'Aix-les-Bains ou celle de Schneider, à Londres, en accueillaient également beaucoup). De nombreux rabbanim actuels du monde séfarade ont étudié à cette époque à Brunoy.

Il faut signaler ici aussi le nom du rav Yossef Goldberg, qui a été l'un des dirigeants de cette Yechiva sur le plan de l'étude de la Guemara.

Dans les années 50, Baba Salé qui passait éloul et tichri à Paris, se rendait à la Yechiva de Brunoy !

Le programme de la Yechiva était classique pour une Yechiva d'inspiration Loubavitch : on y étudiait la Guemara en profondeur, mais aussi le matin, ainsi que le soir, une heure et demie de 'Hassidouth.

Les diverses options personnelles y ont toujours été respectées : on distingue dans les sphères 'Habad trois sortes de personnes, les « Lamdanim », les « 'Ovdim » et les « Maskilim ». Les Lamdanim s'investissent plus dans l'étude classique de la loi orale, et l'on pouvait alors voir des jeunes gens comme l'actuel rav Mordekhaï Bélinov se consacrer, avec d'autres, dès 5 heures du matin, à l'étude de la Guemara avec ses commentaires, avant même l'heure officielle de l'étude de 'Hassidouth, et malgré l'heure tardive à laquelle ses camarades et lui s'étaient couchés la veille.

Les 'Ovdim sont ceux qui s'investissent dans la prière, le service divin. L'image vivante de cette catégorie était le rav Nissan Nemanov, qui passait de longues heures à réciter sa prière quotidienne, pouvant la terminer aux petites heures de l'après-midi… On peut concevoir que cette façon de faire, une vieille tradition à 'Habad, a eu son influence entre les murs de Brunoy – outre le fait que c'était un grand érudit dans le domaine de l'étude classique.

Les Maskilim sont, dans la terminologie spécifique à 'Habad, ceux qui se consacrent plus à l'approfondissement et la compréhension de la 'Hassidouth. Là aussi, le rav Nemanov, mais d'autres encore, montraient le chemin et apportaient leur part dans la formation des jeunes à la Yechiva.

De fait, la Yechiva de Brunoy a servi de phare à l'ensemble du monde 'Habad, et des jeunes gens venus des USA, d'Angleterre ou d'Australie ont pu venir étudier dans cette petite ville de la région parisienne. Afin d'assurer le contact des jeunes entre eux, la langue utilisée est jusqu'à ce jour le… yiddish !

Au niveau de la Yechiva qetana, à l'âge de la bar mitswa, les jeunes français ont eu droit à des cours en Français, mais rapidement c'est cette langue internationale qui fut employée. Aucune matière profane n'y était enseignée, même pas dans les premières années du 'Héder.

Les fameux « mivtsaïm » de 'Habad, lancés par le rabbi en 1960, et auxquels les jeunes Loubavitch sont astreints de participer, sont organisés le vendredi après-midi, uniquement. « C'est, pour les jeunes, nous dit le rav Nemanov, le fils du premier Roch Yechiva et l'actuel « machpia' » de la Yechiva, un effort certain : ils partent à midi après les cours, et reviennent de Paris une heure avant Chabbath ». Ils partent par groupe de trois, et c'est donc environ une centaine de groupes qui oeuvrent de la sorte dans la communauté juive de la région parisienne. C'est, déclare le rav, une action importante, qui apporte énormément sur le plan spirituel à nos coreligionnaires.

Cette partie de l'activité de la Yechiva date en fait des premières années de son édification : les éléments les plus âgés allaient alors le jeudi et le dimanche, quand les écoles étaient en jour de congé, renforcer les cours de Talmud Tora pour la jeunesse juive de Paris. A certaines époques, on comptait une vingtaine de centres qui accueillaient ces visites. L'un des jeunes qui a alors le plus agi, et dont les capacités se sont alors dévoilées, a été le rav Chemouel Azimov. Par la suite, il se vouera plus particulièrement au développement des « centres 'Habad » de la région parisienne.

La direction de la Yechiva est assurée aujourd'hui par le rav Nemanov sur le plan spirituel, et par le rav Mendel Gurewitch, chargé en plus des questions matérielles, mais le Roch Yechiva est le rav Ye'hiel Kalmenson, un grand Talmid 'Hakham, auteur du Méï Tal sur le traité Chabbath, et gendre du rav Pevzner.

Le rav Méïr Teichtal enseigne également à la Yechiva – c'est le fils du rav 'Hayim Mena'hem Teichtal de Jérusalem, dont nous avons parlé précédemment. On lui doit également la rédaction de plusieurs ouvrages de limoud.

Le financement de la Yechiva repose sur les épaules du rav Gurewitch – et provient de la communauté juive de France, y compris bien entendu de personnes qui n'adhèrent pas à 'Habad, mais qui – fait remarquer le rav Gurewitch – savent aider un tel endroit d'étude de la Tora sans restriction.

Le 'héder attenant à la Yechiva éduque actuellement près de cent élèves, et il est dirigé par le rav Dov Bèr Pachter.