Histoires-2

Un article de Biographies.

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Sommaire

Tichri : Souccot

Un million de dollars de chocolats Kacher

Pas très agréable, c'était là l'humeur de Mr Richard, alors qu'il contemplait la scène qui s'offrait à ses yeux dans la salle d'attente de son bureau au sommet de son immeuble, celui de la société Chocolat International Richard qui valait plusieurs millions de dollars.

La lumière d'un flash illumina ses yeux, " Est-il vrai Mr Richard? ", demandait un journaliste, " Est-il vrai que les ventes des chocolats Richard sont en train de s'effondrer à cause des nouvelles spécialités fabriquées par les Chocolats Treifa, " Est-il vrai que les chocolats Richard sont au bord de la banqueroute? ".

" Sans commentaire! "répondit Mr Richard sèchement tournant rapidement les talons.

" Je sors pour l'après-midi, Mlle Serz " dit-il à sa secrétaire en entrant dans son bureau. Au moins ne serait-il irrité, ni dérangé. Mais les graphiques tracés en rouge des chiffres de ventes ne lui accordaient aucune paix, sa compagnie avait de gros problèmes. Cela avait été une journée terrible, des enquêteurs énervés, des journalistes bruyants, chacun avec son visage sinistre et tout cela à cause des Chocolats Treifa qui étaient en train de gagner la guerre au Etats Unis, la guerre des gourmands, alors que son empire du chocolat s'effondrait autour de lui.

Et pourquoi? pourquoi? pourquoi?

" Pour ce qui nous aidera vraiment.. " demanda Avi à sa soeur Myriam alors qu'il entraient dans l'ascenseur.

" Imagine-donc ! Une Souccah juste en face de l'immeuble Richard! " s'exclama Avi, " Est-ce que ce ne serait pas extraordinaire? "

" Calme toi ! ", dit Myriam," tout va très bien se passer.. "

" Nous allons simplement faire en sorte que les choses avancent "

Il était déjà tard quand Avi et Myriam, le neveu et la nièce de Mr Richard, sortirent de l'ascenseur.

Ils avaient vu très rarement leur fameux oncle, et ils savaient à peine à quoi il ressemblait. Dans la lumière tamisée, ils ne l'auraient certainement pas reconnu, alors qu'il sortait de son bureau, soucieux d'échapper à ses soucis, si ils ne l'avaient pas heurté dans leur hâte.

Bang!!! " Oh non! non je suis désolé, vous allez bien monsieur? Pouvons nous vous aider? Oh c'est oncle, c'est oncle Seymour! Laisse nous t'aider "

" M'aider? m'aider? oui, aidez moi s'il vous plaît, aidez moi à sortir d'ici, aidez moi, sauvez ma compagnie, aidez moi à balayer très fort, ouf, oh de l'aide "

Avec un ronflement, Mr Richard, l'Oncle Seymour, se remit sur ses pieds.

" Ouf ! ", dit-il " Mais est ce que je ne vous connais pas? Ne sommes nous pas de la famille? "

" Oui, Oncle Seymour, je m'appelle Avi Sturn, je suis votre neveu.

" Et moi je suis Myriam "

" Eh! bien, qu' est ce que vous en dites? ", demanda Mr Richard en montant la poussière de son costume.

" Ah, c'est très impressionnant , Oncle Seymour " dit Myriam, regardant autour d'elle,

" c'est beau! " dit Avi.

" Oh oui! j'ai tout fait moi-même , vous savez? Quand je suis arrivé dans ce pays, je ne parlais même pas anglais, et j'ai vendu des parts de chocolat dans les rues, alors que j'étais plus jeune que vous. J'ai économisé, sou après sou. Alors que je n'avais que 19 ans, j'ai ouvert ma propre usine de chocolats à OB, j'ai vendu, j'ai fait de la publicité, j'ai travaillé comme un forcené, mais j'ai réussi, je suis devenu de plus en plus gros, de plus en plus grand, j'ai tout fait moi-même! Et maintenant, regardez moi, ruiné, je suis ruiné, au delà de tout espoir "

" Oncle Seymour ", dit Myriam avec hésitation, " Oncle Seymour, nous sommes venus te demander quelque chose "

" Une demande ? "

" Oncle Seymour, tu sais, tu connais cette grande place? juste devant ton immeuble? "

" Est ce que je connais la place, juste devant mon immeuble? La place plantée d'arbres, la Place du Chocolat avec cette fontaine importée de Paris? Cette place pavée de marbre grec importé spécialement de Rome, cette place qui a remporté tous les grands prix d'architecture internationaux et de bon goût? cette place que la banque veut m'arracher, oui bien sûr, je connais cette place, même trop bien! "

" Oncle Seymour, la fête de Souccot arrive, chaque année nous t'invitons dans notre Soucca "

" Merci les enfants, mais cette année je ne crois pas que je pourrai me joindre à vous, j'ai vraiment beaucoup de choses à faire, j'ai beaucoup de soucis "

" Oncle Seymour ", continua Myriam, " nous voulons te demander de nous aider, cette année nous voudrions construire notre propre Soucca, penses-tu que nous pouvons le faire? "

" Est-ce que je ne vous ai jamais empêché de construire une Souccah? Mais construisez-la! Comme vous voulez! "

" Pourrions-nous la construire là? " dit Myriam, en désignant la place qui s'étendait juste en dessous.

" Là? "

" Là, oui, sur ta place "

" Sur ma place ? "

Mr Richard regarda sa nièce et son neveu, " C'est absurde " dit-il, " une Souccah sur ma place! , au milieu de la 5ème Avenue! "

Avi et Myriam se regardaient l'un l'autre, ne sachant à quoi s'attendre. Tout à coup le ton parut changer, l'endroit changea, la personne changea, Mr Richard fut transporté pour le bref moment d'une vision, au temps très précieux où il était près de son père, dans la petite ville où il avait grandi, il construisait une Souccah et lui le petit Tzvi, aidait à tenir les planches.

L'air était plein de la bonne odeur des feuillages nouvellement coupés, du sapin qu'on vit placé sur le toit. " Rappelle toi de la Mitsva de la Souccah ,mon fils", lui disait son père, " Qu'Hachem te protège toujours, et t'accompagne dans tout ce que tu feras ".

Tout à coup il s'éveilla de ses souvenirs. " Vous savez les enfants, cela fait longtemps que je n'ai pas eu de Souccah, mon père, votre arrière grand-père, aimait s'asseoir dans une Souccah. Je me rappelle comment il chantait ", Mr Richard regardait les enfants debout devant lui, si plein d'espoir. Il pensa lui-même et comme il avait le pouvoir de les satisfaire, si seulement il le voulait. Alors peu à peu l'expression de son visage commença à s'adoucir, elle prit la forme d'un sourire.

" Oui! " s'exclama-t-il soudain, " je vais vous aider! Je n'ai rien à perdre de toute façon, la banque peut prendre ma place, mon immeuble, ma maison, elle peut tout prendre mais elle ne prendra jamais notre Souccah! Les enfants construisons la plus grande Souccah que le monde ait jamais vu! "

Dans les semaines qui suivirent, Mr Richard entreprit son grand changement, il insista pour qu'on l'appelle à présent Oncle Tzvi et il se consacra complètement, corps et âme, à construire notre Souccah, sur la place en face de son immeuble. Il ne fit pas que surveiller personnellement la construction, mais à la grande surprise et au grand désarroi de son personnel, on le vit monter sur une échelle d'aluminium, tenant des planches, des clous à la main, les enfonçant à l'aide d'un marteau. " Prends cela ...et Bang ...et allez que le plus grand vent vienne et essaie d'abattre notre Souccah, ou d'enlever notre Se'hah (feuillage). Tiens cela Goldberg! " appela-t-il son comptable personnel, un homme dont les doigts n'avaient jamais touché d'outil plus lourd qu'un stylo ou plus difficile à saisir qu'un ordinateur.

" Goldberg, j'ai dit Goldberg, retirez donc ce ridicule trois pièces, allez ici, tenez prenez cette Kipa, tenez maintenant, tenez moi l'échelle. Ils ne font plus de bonnes échelles de bois, maintenant. "

Les piétons commencèrent à s'arrêter et à regarder, la foule commença à se rassembler, à l'heure du déjeuner, " Mais que construisent-il ici exactement? " demandait tout le monde.

Les passants se frottaient les yeux, essayant de voir ce qui se passait. On dut nommer de nouveaux policiers pour régler tout le trafic de voitures et le ralentissement. Bientôt des journalistes vinrent quotidiennement visiter l'endroit, essayant de décrire quelque chose de nouveau, ou ce qui arrivait à la société de Mr Richard.

Le journal se mit même à publier un article avec de gros titres, " Richard est devenu fou, il transforme sa place en Souccah ". Des centaines de personnes vinrent d'abord, puis des milliers, pour assister à ce qui se passait. Alors qu'ils se tenaient, en train de regarder, assistant au spectacle, ils dégustaient bien sûr, la nouvelle trouvaille de Richard, une ligne de barres de chocolat Kachère, fabriquée à PP sous stricte surveillance rabbinique, dans des usines fermées le Chabbat. Les ventes s'élevèrent alors à des millions de dollars, alors que Souccot n'était pas encore arrivé, les Chocolats Treifa avaient définitivement disparu.

Finalement le grand jour arriva, une conférence de presse géante fut convoquée au milieu de la Souccah géante de Oncle Tzvi. Chacun fut invité à dire la bénédiction sur le Loulav et l'Etrog, et à goutter la nouvelle ligne de chocolats de Souccot.

" Mr Richard, j'ai juste une question à vous poser. Est ce que finalement, tout cela n'était qu'une publicité ingénieuse inventée pour faire remonter vos ventes et redonner sa chance à votre compagnie? Qu'est ce que vous avez à répondre à cela? "

" J'ai à vous répondre : gouttez donc ce chocolat, jeune homme! Est ce qu'il n'est pas extraordinaire? "

" C'est exactement cela "

" Tenez prenez en encore, nous l'avons appelé le Chocolat de la Manne. "

" Mais qu'avez vous à dire sur la publicité, Mr Richard? "

" Nous méritons toute la publicité que nous pouvons avoir, jeune homme, il existe un Maître à ce monde, vous savez, il s'appelle Hachem, D-ieu, si nos chocolats sont en succès, c'est à Lui que le mérite en revient, vous pouvez me citer, vous pouvez le répéter de ma part, Oui, Hachem nous donne les choses les plus douces que vous puissiez imaginer, elles sont appelées des Mitsvot, des Commandements , vous avez compris? Ce sont des Mitsvot, Eme, I, Té ,Esse, Vé , O, Té, Mitsvot!. Nous sommes au milieu de l'une d'entre elles d'ailleurs, juste en ce moment! des Mitsvot . Bien sûr elles méritent de gros titres.

Faites les Mitsvot, jeune homme, c'est un conseil que je vous donne. Vous deviendrez même plus riche que Richard! Ah..Ah..Ah..! "

Un Etrog du Paradis

Ceci arriva le premier jour de Souccoth. Pour tous les fidèles réunis dans la synagogue du Rabbi Elimélekh de Lizinsk, il y avait dans l'air une atmosphère de fête.

Tous les yeux se tournèrent vers Rabbi Elimélekh lorsque, se tenant au pupitre, il commença à réciter le Hallel. Ce jour de Souccoth, il y avait quelque chose d'inhabituel dans son comportement. Pourquoi s'arrêtait-il à mi-temps d'agiter l'Etrog et le Loulav comme s'il était essoufflé ?

Pourquoi n'exécutait-il pas l'office comme d'habitude ? Il était évident qu'il était préoccupé par quelque chose, à en juger par l'expression radieuse de son visage.

Dès que les prières furent terminées, Rabbi Elimélekh se précipita à l'endroit où se trouvait son frère Rabbi Zoussia (qui était venu pour passer la fête avec lui) et lui dit : "Viens m'aider à trouver l'Etrog qui parfume toute la synagogue de son parfum de Jardin d'Eden."

Ils allaient d'un fidèle à l'autre jusqu'à ce qu'ils arrivèrent dans un petit coin tranquille de la synagogue où ils trouvèrent un homme absorbé dans ses réflexions.

"Voilà l'Etrog", s'écria Rabbi Elimélekh transporté de joie. "0, mon ami, dis-moi qui tu es et d'où provient ce merveilleux Etrog."

L'homme, plutôt surpris et confus par cette question inattendue, répondit lentement et d'une voix mesurée :

"C'est toute une histoire, cher Rabbin. Voudriez-vous vous asseoir et l'entendre en entier ?" "Mais oui, certainement, s'empressa de répondre le Rabbin. C'est certainement une histoire qui vaut la peine d'être racontée. "

"Mon nom, c'est ainsi que l'homme au regard calme commença son histoire, mon nom est Ouri et je viens de Strelisk. J'ai toujours considéré "Etrog-Bentchen" (La bénédiction sur l'Etrog) comme ma Mitzvah préférée et bien que je sois pauvre et ne puisse normalement pas me payer un Etrog, ma jeune femme qui est d'accord avec moi sur ce point, s'est engagée comme cuisinière pour m'aider à acquérir l'Etrog. Au point de vue matériel, elle ne dépend pas de moi de sorte que je peux dépenser ce que je gagne pour des choses spirituelles et religieuses. Je travaille comme précepteur dans la ville de Yanov non loin de ma ville natale. J'emploie la moitié de mon salaire pour nos besoins matériels, et j'économise le reste pour m'acheter un Etrog à Lemberg.

Afin de ne pas dépenser de l'argent pour le voyage, je fais le chemin à pied.

Cette année, pendant les Dix Jours de Pénitence, je me suis mis en route pour Lemberg à pied comme d'habitude, avec 50 guldens en poche, afin d'acheter un Etrog. En chemin, je passai par une forêt et je m'arrêtai dans une auberge bordant la route pour me reposer. C'était l'heure de Min'ha et je me mis dans un coin pour dire mes prières...

Au milieu du Chmoneh-Esreh, j'entends des gémissements et des soupirs. On aurait dit une personne qui souffrait terriblement. Je m'empressais de finir la prière pour voir ce qui se passait et pour porter assistance. En me tournant, je vis un homme aux traits durs et au regard bizarre, qui était évidemment en détresse. Il était vêtu en paysan et, le fouet à la main, il racontait à l'aubergiste ses soucis et ses difficultés. J'arrivais à démêler de ses phrases confuses, coupées par des sanglots, que l'homme au fouet était un pauvre juif qui gagnait sa vie comme cocher.

Il avait une femme et plusieurs enfants et arrivait ~ peine à joindre les deux bouts. Mais quel malheur l Son cheval qui lui était indispensable, s'était écroulé dans le bois, non loin de l'auberge, et il ne pouvait pas le faire lever . Il m'était pénible de voir le désespoir de cet homme et j'ai essayé de lui faire comprendre qu'il existait un Dieu là-haut qui pourrait l'aider, quelles que soient ses difficultés.

Je te vendrai un cheval pour 50 guldens, bien que sa valeur soit au moins de 80 guldens. Je le fais seulement pour t'aider", dit l'aubergiste au cocher.

Je n'ai même pas 50 sous et il me propose un cheval pour 50 guldens " dit l'homme d'un ton amer. Je me suis dit que je ne pouvais pas garder mon argent pour acheter un Etrog devant une situation si désespérée qui menaçait la vie de cet homme et de toute sa famille. Je m'adressai donc au patron de l'auberge et lui demandai le dernier prix auquel il pouvait vendre le cheval.

L'aubergiste se tourna vers moi tout étonné et me dit :

Si vous pouvez payer comptant 45 gulden, je vous vendrai le cheval à ce prix, mais pas un sou de moins. Je le vends avec perte. "

Je sortis mon porte-monnaie, payait 45 guldens, tandis que le cocher me regardait les yeux étonnés. Il ne pouvait prononcer un mot tant il était heureux. "Vous voyez maintenant que l'Eternel peut aider, même si la situation paraît sans espoir", lui dis-je. Puis, il partit avec l'aubergiste pour atteler le cheval à la voiture qui était restée dans la forêt. Dès qu'ils furent partis, je ramasse mes affaires et disparus pour ne pas être embarrassé par les remerciements du cocher.

Et Finalement, j'arrivai à Lemberg avec 5 guldens dans la poche. Je ne pouvais naturellement m'acheter qu'un Etrog tout ce qu'il y avait d'ordinaire. J'avais pensé dépenser 50 guldens pour mon Etrog, comme je faisais tous les ans, mais comme je vous l'ai raconté, j'avais estimé que les besoins du cocher étaient plus importants que l'achat d'un Etrog d'une qualité supérieure.

Jusqu'à maintenant, mon Etrog était toujours le meilleur de tout Yanov et tout le monde avait l'habitude de venir chez moi pour dire réciter les bénédictions et accomplir la Mitsvah sur cet Etrog. Cette année, j'avais honte de rester à Yanov avec un fruit si ordinaire et ma femme fut d'accord pour que je me rendis à Lizinsk où personne ne me connaissait. "

"Mon cher Rabbi Ouri ", enchaîna Rabbi Elimélekh, votre Etrog est tout à fait exceptionnel. Je comprends maintenant pourquoi il a le parfum du Jardin d'Eden. Permettez-moi de vous raconter la suite de ce récit :"Lorsque le cocher que vous avez sauvé, réalisa sa chance inattendue, il se dit que vous deviez être le Prophète Elie que Dieu avait envoyé sur Terre sous forme humaine pour le tirer d'embarras. Etant arrivé à cette conclusion, le cocher chercha un moyen d'exprimer sa gratitude à Dieu, mais le pauvre homme ne savait pas un seul mot d'hébreu et aucune prière.

Il se demandait comment exprimer sa reconnaissance. Subitement, un éclair traversa son esprit. Prenant son fouet, il l'agita dans l'air en s'écriant "0, Père aux Cieux, je suis plein d'amour pour Toi, que puis je faire pour Te prouver mon amour ? Je veux agiter mon fouet comme preuve de mon affection pour Toi". Et le cocher claqua son fouet en fendant l'air par trois fois. Le soir de Yom Kippour, le Tout-Puissant était assis en juge sur son trône pour écouter les premières prières du Jour des Expiations. Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev qui était l'avocat des Juifs, était en train de pousser une voiture pleine de Mitzvoth en direction des portes du Ciel, lorsque satan apparut, se mit sur le chemin avec un tas de péchés juifs, barrant ainsi la route au Rabbin. Mon frère, Rabbi Zoussia, et moi l'aidions à pousser la voiture, mais nos efforts étaient inefficaces. Même à trois, nous n'arrivions pas à la faire avancer.

Subitement, l'air fut fendu par le son du claquement d'un fouet et un rayon aveuglant éclaira l'univers entier jusqu'aux cieux. Nous aperçûmes les anges et tous les justes assis en cercle et chantant la louange à Dieu. Lorsqu'ils entendirent les paroles du cocher claquant son fouet, ils dirent : "Heureux le roi qui est ainsi loué!"

Au même instant apparut l'ange Michel conduisant un cheval, suivi par le cocher qui avait le fouet en main. L'ange Michel attela le cheval à la voiture chargée de Mitzvoth et le cocher claqua son fouet. La voiture se mit en marche, écrasant les péchés juifs qui avaient obstrué la route et parvint jusqu'au Trône Divin. Le Roi des rois accepta la charge de la voiture avec grâce et Se levant du Trône du Jugement, Il s'assit sur le Trône de la Miséricorde. Une bonne nouvelle année était assurée.


Et maintenant, cher Rabbi Ouri, dit en conclusion Rabbi Elimélekh, comme vous le voyez, tout cela est arrivé grâce à votre noble action. Retournez chez vous et devenez un chef en Israël, car vous avez prouvé que vous le méritiez. Mais avant de partir, permettez-moi de saisir ce merveilleux Etrog et de louer Dieu avec lui. "

Fameux Souccot à Meknès

Kountrass News N° 25


Cette histoire s'est passée au Maroc, Meknès, un jour de Kippour. Les magasins tenus par des Juifs étaient fermés et toute la communauté était rassemblée dans les différentes synagogues de la ville. En plein milieu de la prière du matin, l'un des gardes du gouverneur entra dans une synagogue, afin de chercher une personne.

Après quelques instants, ayant apparemment trouvé ce qu'il cherchait, il se fraya un chemin parmi les fidèles... jusqu'au médecin juif de la ville. Il lui murmura rapidement à l'oreille que le gouverneur était malade, et qu'il lui demandait de venir immédiatement.

Surpris, le médecin lui demanda pourquoi le gouverneur faisait appel à lui, alors qu'il avait certainement à sa disposition des médecins de sa communauté... Mais le garde lui expliqua que les médecins s'étaient déjà rendus au chevet du gouverneur sans trouver de remède à sa subite maladie.

"Dis au gouverneur qu'aujourd'hui est un jour particulièrement saint pour nous et que je suis dans l'impossibilité de venir tout de suite. S'il le veut, je viendrai au plus vite, dès que la nuit sera tombée", répondit le médecin.

Pendant ce temps Ià, l'état du gouverneur empira. Le garde qui était allé chercher le médecin juif, trouva à son retour le gouverneur qui se tordait de douleur.

D'une voix remplie de haine, le garde fit son rapport au gouverneur: "Le juif ne désire pas venir maintenant. Il ne pourra se libérer que ce soir", omettant sciemment de préciser la vraie raison de son refus.

Le gouverneur s'emporta bien évidemment: "Je me vengerai de ce Juif et de son peuple. Ils apprendront qui dirige ici, à Meknès... "

Le gouverneur savait que quelques jours plus tard aurait lieu la fête de Souccot chez les Juifs. Il savait aussi qu'à cette occasion les Juifs construisaient des cabanes et qu'ils en formeraient le toit avec des joncs. Il eut alors une idée de vengeance un peu particulière: il empêcherait les Juifs de se procurer ces joncs!

Le gouverneur était très fier de son idée.

Quand les pauvres Juifs arrivèrent au marché pour acheter ce qui leur servirait à confectionner leur Souccah, les vendeurs déclarèrent : "Désolés, cette année, le gouverneur a tout acheté! "

Les Juifs ne savaient que faire. Ils décidèrent de se rendre chez Rav Yaacov Berdugo, le Rav de la ville. Le Rav et les dirigeants de la communauté firent leur enquête et découvrirent rapidement que cet acte du gouverneur était une vengeance au refus du médecin de venir le soigner le jour de Kippour. Ils décidèrent de solliciter une entrevue chez le gouverneur pour lui expliquer que le médecin n'avait pas le droit travailler le jour de Kippour, à moins qu'il ne s'agisse d'une question de vie ou de mort. Le gouverneur accepta de les recevoir, mais au moment où la délégation entrait chez lui, il fixa le Rav du regard, se frotta les yeux, le regarda à nouveau, et se mit à crier: " C'est lui! Oui, c'est bien lui! "

Un peu gênés, les Juifs se demandèrent quelles étaient les raisons des cris et de l'émoi du gouverneur. Après quelques instants, le gouverneur se calma, et leur dit :

"Ecoutez donc mon histoire: la nuit dernière, j'ai fait un terrible cauchemar. Mes caves avaient pris feu, et l'incendie se propageait rapidement. Tout fut brûlé: mes meubles, mon argent, tous mes biens. Et alors que je me trouvais assis à mon bureau, les flammes étaient sur le point de m'atteindre. J'essayai de m'enfuir mais c'était trop tard. J'étais encerclé. De part et d'autre les flammes s'élevaient et formaient une muraille de feu. Je me mis à appeler au secours. La fumée commençait à m'étouffer et je sentais que ma dernière heure était arrivée. Et soudain, un homme vêtu de blanc apparut. Il avait exactement le visage de votre Rav. Il me dit: "J'ai la possibilité de vous sauver de ce feu... "

Je me mis à crier "Alors faites-le! Je ferai tout ce que vous voudrez, pourvu que vous me fassiez sortir d'ici". Et l'homme en blanc me répondit: "Je ne vous aiderai qu'à une seule condition: que vous donniez à chaque Juif de quoi faire le toit de sa Souccah". Je m'y engageai... et le feu cessa.

A présent que vous êtes venus, je comprends mon rêve... et je me vois dans l'obligation d'accomplir ma promesse: j'offre à la communauté juive tous les joncs que j'ai achetés! "

Et la fête de Souccot, qui s'était annoncée plutôt triste, fut l'une des plus joyeuses pour les Juifs de Meknès, cette année-là.


L'arme secrète

Mercredi 10 Octobre 1973 veille de Souccot, cinquième jour de la guerre de Kippour.

Rav Yekoutiel Green vient de terminer la construction de sa Souccah dans son village de Kfar 'Habad, alors qu'à trois heures du matin, il s'était levé pour écouter un discours du Rabbi de Loubavitch, retransmis en direct de New York par téléphone.

Tout en présentant de profonds commentaires 'hassidiques sur la fête de Souccot, le Rabbi avait fait l'éloge des soldats de Tsahal qui se battaient sur tous les fronts afin de protéger la population.

Onze heures du matin Le secrétariat du village Kfar 'Habad demande au Rav Green de se rendre par avion dans une base aérienne militaire à Refidim, dans le Sinaï, et d'y passer la fête de Souccot. Le commandant de la base avait téléphoné à la direction du village et avait vraiment supplié qu'on lui envoie quelques 'Hassidim pour remonter le moral des troupes.

Une heure de l'après midi. Dans une base aérienne près de Tel-Aviv, un avion militaire occupé par des médecins et des infirmiers s'apprête à décoller. On y a réservé trois places pour les 'Hassidim. Rav Green, Rav Eliahou Kook et Rav Avraham Goldberg qui sont par ailleurs des réservistes. "Nous avions décidé de mettre nos vêtements de Chabbat pour nous rendre à la base; si nous avions revêtu nos uniformes, nul n'aurait fait attention à nous".

Le soir de la fête, entre le gémissement des sirènes et les attaques incessantes des avions, la présence des 'Hassidim apporte un réconfort certain. Mais l'essentiel de leur action se passe le lendemain. Ils passent d'un abri à, l'autre et n'oublient pas les sentinelles de garde à l'entrée de la base: les centaines de soldats se voient proposer de prononcer les bénédictions du Loulav et d'agiter ensemble les "Quatre Espèces". Tous sont très émus.

Deux pilotes jouent aux échecs en attendant le signal imminent du départ. Rav Green leur propose le "Loulav". "Comment? Dans les dernières minutes de ma vie, tu t'imagines que je ferai ce en quoi je n'ai jamais cru?" déclare avec fermeté l'un des pilotes.

Mais Rav Green ne se laisse pas démonter: "Telle est la force du Juif. Quand il secoue le Loulav et l'Etrog dans les six directions, il affaiblit l'ennemi". L'argument eut raison du pilote et il accepta de prononcer la bénédiction ainsi que son camarade. A peine avaient-ils terminé qu'ils reçurent l'ordre de décoller immédiatement.

Les trois 'Hassidim continuent leur mission. De temps en temps, ils entendent des appels par haut-parleur: "Vous, les 'Habadnikim, mettez-vous à l'abri! Couchez-vous par terre!". Des avions égyptiens tentent sans relâche d'attaquer la base.

Soudain le Rav Green et ses amis aperçoivent quatre avions qui retournent à leur base. Ils effectuent des figures de voltige impressionnantes et toute la base applaudit de joie. En un instant tout le monde comprend ce qui s'est passé. ce sont les avions ennemis qui sont tombés tandis que l'escadrille israélienne revient intacte.

- "Vous ne comprenez pas? leur dit-on. Depuis le début de la guerre, aucune escadrille n'est revenue au complet à la base!"

Et quelque temps plus tard, les haut-parleurs crachent la nouvelle. "Les pilotes avaient prononcé les bénédictions sur le "Loulav" des 'Hassidim avant de monter dans leurs avions!"

"II est impossible de décrire ce qui s'est passé par la suite. Les soldats qui, jusqu'à présent, avaient refusé de faire la bénédiction se sont précipités vers nous et ont demandé à le faire maintenant. Des jeunes gens issus des Kibboutzim ont prononcé la bénédiction "Chéhé'héyanou", "Béni soit Celui qui nous a fait vivre, exister et arriver jusqu'à ce jour" et ont pleuré d'émotion comme des enfants.

"Le commandant de la base nous attendait avec deux command cars. "Montez, nous dit-il, il y a d'autres bases dans la région".

- "Excusez-nous, commandant, n'oubliez pas qu'aujourd'hui est un jour de fête et nous ne voulons pas monter en voiture!"

Le commandant ouvre des yeux ronds et demande: "De quoi parlez-vous? C'est une situation de danger de mort! Vous avez bien vu ce que vous avez réussi à faire avec votre "Loulav!"

Le Rav Green, qui est un auteur prolifique dans le domaine de la 'Hassidout et de la 'Halakha, sourit et ajoute. "Bien sûr, nous n'avons pas voyagé. Mais il serait intéressant à l'occasion de demander à une autorité rabbinique si dans un cas pareil, c'est ce qu'il fallait faire!"


Traduit par Feiga Lubecki

Tou bichvat: L'homme est un arbre des champs

Il arriva qu'une épidémie se déclencha dans la ville de Nadvorna, et les Services de l'Hygiène de la ville exigèrent un nettoyage complet de la ville et plus de propreté.

Lorsque la fête de Soukkot arriva, le Saint Rabbi Mordekhaï construisit cependant sa Soukka dans sa cour, sans se soucier des consignes données par le Gouverneur. A vrai dire, le Gouverneur de Nadvorna était un homme connu pour sa méchanceté et le peu d'estime qu'il avait pour les Juifs.

Dès qu'il apprit le méfait, le Gouverneur envoya un policier chez le Rabbi pour le sommer de "débarrasser sa cour" et se conformer au règlement d'hygiène de la ville.

Le Rav répondit tranquillement qu'il avait construit cette cabane pour qu'elle soit là, et non pas pour la détruire.

Rabbi Mordekhaï fut donc convoqué devant le Gouverneur, qui ne le somma de détruire sa Soukka, sous peine des pires sanctions. Le Rabbin réitéra tranquillement sa réponse, ce qui eut pour effet de plonger le Gouverneur dans une furie rare.

Et il conclut: "saches que le saint Rabbi Méïr de Primichlan était mon grand-oncle!"

"Mais qu'ai-je à faire de ton grand-oncle, moi je te somme de détruire ton cabanon immédiatement!"

"J'ai bien dit que Rabbi Méïr de Primichlan était mon grand-oncle, et si tu me laisses m'expliquer, tu comprendras pourquoi je le dis.

Il était une fois un prêtre qui avait dix beaux garçons, forts et bien portants. Il possédait une vaste demeure, et un grand parc orné d'arbres splendides dont les fleurs, les fruits et l'odeur ne pouvaient que réjouir D.ieu et les créatures.

Il lui vint un jour l'idée de créer un jardin botanique dans un coin du parc pour ajouter à la splendeur de son parc. Il fit donc arracher quelques arbres pour les besoins du jardin.

Peu après, son fils aîné tomba malade et malgré tous les efforts du prêtre et des nombreux médecins appelés, mourut rapidement. Un par uns, ses fils succombèrent dans des conditions identiques, sans que les médecins ne puissent faire quoi que ce soit.

Lorsque son dernier fils tomba également malade, médecins, guérisseurs et sorciers furent de peu d'utilité. Des proches lui conseillèrent de se tourner vers le Rabbi Méïr de Primichlan, dont la réputation de saint homme s'était étendue jusque chez les Gentils.

Ayant déjà tout essayé, le prêtre se résolut à consulter Rabbi Méïr. Il lui raconta son malheur, la mort successive de ses aines, la maladie incurable du cadet, son désespoir.

"Tu avais jadis un très beau jardin, mais tu l'as taillé pour y planter des fleurs. Ainsi D.ieu a taillé auprès de tes enfants, car l'Homme est un arbre des champs. Mais puisque tu es venu me voir, et qu'il est encore temps, je m'engage à ce que ton cadet survive et guérisse rapidement, avec l'aide de D.ieu."

Le Rabbi pria pour la santé du petit et ses prières furent accueillies: le garçon grandit et devint un homme.

Et maintenant conclut le Rabbi de Nadvorna, saches que cet enfant, c'est toi.

Est ce là la seule gratitude que tu peux avoir envers mon grand-oncle à qui tu dois la vie?"

Le Gouverneur s'inclina devant Rabbi Mordekhaï.

"C'est vrai, je connaissais cette histoire, et je te supplie de me pardonner pour tout ce que j'ai pu faire aux Juifs. Construisez vos Cabanes en paix!"

A partir de ce jour là, le Gouverneur de Nadvorna devint le meilleur allié de la communauté juive dans toutes ses démarches.

La Souccah de Rabbi Baroukh Mordekhaï

Rabbi Baroukh Mordekhaï était Rav dans la ville de Babroïsk. Le salaire d'un Rav à cette époque était une misère notoire, qui ne suffisait même pas à couvrir le loyer de la modeste maison que sa famille occupait. Il devait déjà une année entière de loyer au propriétaire lorsque Souccoth approcha.

Il demanda cependant au maître de maison de lui construire une Souccah, à son compte. Lorsque celui ci vint pour exiger le paiement de la construction de la cabane, il lui rappela: "Rav, sachez que si vous ne me payez pas, vous n'êtes pas quitte de la Mitsvah de résider dans la Souccah, car il nos Sages ont enseigné que l'on ne peut se rendre quitte dans une Souccah volée".

Rabbi Baroukh Mordekhaï lui répondit: "Sot! C'est précisément si je te paie que je ne serai pas quitte. La Torah enseigne en effet "Sept jours vous demeurerez". Ce qui signifie qu'il faut y demeurer comme on demeure toute l'année dans sa maison. Tout comme je ne te paie pas de l'année, je ne dois pas te payer pour la Souccah!"

Traduit de "Chemouot VeSippourim"Vol 2 Rav Raphaël Na'hman Kahn

Un Etrog pour Rabbi Lévi Its'hak

Rav Grounam m'a conté un jour:

Il arriva qu'une année on manque d'Etrog.

Allez savoir quelle calamité naturelle, guerre ou faillite avait fait que les cédrats n'avaient pas poussé sur les rives de la Méditerranée, ou n'avaient pu être cueillis, ou pourquoi les bateaux n'avaient pu accoster et les routes devenues impraticables.

Toujours est il que Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev n'avait pas encore réussi à trouver un Etrog pour la fête de Souccot, et avait dépêché des élèves aux diverses entrées de la ville pour tenter de trouver un voyageur qui aurait un Etrog.

On trouva effectivement un homme qui avait pu s'en procurer, mais il n'habitait pas à Berditchev. Et quel Etrog! L'homme avait du le payer une fortune, et ne souciait pas de récupérer la mise. Pour rien au monde il ne l'aurait vendu.

Les élèves le prièrent de bien vouloir passer la fête en ville afin que le Saint Rabbi puisse également bénir la fête comme il se doit. Mais notre homme refusa. Il devait se hâter pour arriver à la maison avant la fête, et n'était pas du tout prêt à accepter l'hospitalité des juifs de Berditchev.

Le Rabbi lui même se déplaça dans son auberge pour prier l'homme de bien vouloir rester, mais rien n'y fit.

Jusqu'au moment où Rabbi Lévi Its'hak lui promit une part de son monde futur s'il acceptait de partager la Mitsvah de l'Etrog avec lui.

Arrivé à ce point là, il ne se fit plus prier, et accepta de passer la fête avec les juifs de la ville. Tous furent soulagés, et les préparatifs de la fête se poursuivirent dans l'allégresse.

Le Saint Rabbi fit savoir à l'aubergiste qu'il faudrait refuser à son hôte l'accès à la Souccah. Il fit la même demande à tous les habitants de la ville: nul ne devait le laisser entrer dans une Souccah!

La nuit tombée, l'office du soir terminé, notre homme surpris de ne pas avoir été invité s'en fut demander - sans succès- la permission de manger ses propres provisions dans la Souccah de l'aubergiste. Il n'eut pas plus de chance ailleurs, malgré ses cris et ses imprécations. Quelle hospitalité!

Il finit par comprendre que l'affaire n'était pas simple, et par entendre que le Rabbi lui même avait demandé qu'il soit écarté des Souccot de la ville.

Il se précipita chez le Rabbi en pleurant.

"Est ainsi qu'on récompense le sacrifice que j'ai fait de rester avec vous?"

"Si tu renonces à la promesse que je t'ai fait de partager ma part de monde futur, toutes les Souccot de la ville te sont ouvertes…"

Que faire? Imaginez le combat intérieur qui se déroulait dans la tête de l'hoome à l'Etrog!

D'un côté une part dans le monde futur, aux côtés d'un Juste de la taille de Rabbi Lévi Its'hak, et de l'autre le mérite d'accomplir la Mitsvah de résider dans la Souccah, cette Mitsvah que nos Sages qualifient de "commandement simple à observer" mùais au prix d'un avenir radieux dans l'au-delà! Mais que vaut cette place au soleil s'il doit renoncer pour elle à l'accomplissement d'un des commandements de la Sainte Torah…?

"Rabbi, je renonce à votre promesse, pourvu qu'on me laisse accomplir la Mitsvah de la Souccah comme il convient"…

L'invité fut immédiatement conduit dans une des plus belles demeures de la ville pour partager la joie de la fête à une belle table.

Le lendemain, il fut invité à la table même du Rabbi, dans sa Souccah avec d'autres disciples.

"Maintenant, je te renouvelle ma promesse d'être à mes côtés dans le monde futur. Il fallait pour cependant que tu résiste à cette épreuve pour la mériter, et que ce ne soit pas un cadeau gratuit!"

Extrait de Chmouot VeSipourim, Vol 1 Rav Raphaël Na'hman Kahn


Moché Etrog

Notre histoire se passe dans une petite ville, quelque part là bas dans le grand Est de l'Europe d'autrefois. Il s'y trouvait bien sûr un Rabbin, le Rav, érudit et craignant D.ieu comme il se doit.

Il observait scrupuleusement les Mitsvoth, commandements de D.ieu, veillait à ne pas faire ce qu'un juif ne doit pas faire, et appréciait au plus haut point chaque détail des commandements, petit ou grand.

Il était pourtant une Mitsvah qu'il appréciait plus que toutes. Celle des "quatre espèces", lorsqu'à Souccoth les juifs prennent en main, que dis je, brandissent une branche de palme, trois branches de myrte, deux branches de saule, et joyau de ce bouquet un Cédrat, l'Etrog, soigneusement choisi. Une Mitsvah qui ne vient qu'une fois par an, et qui symbolise tant de choses de la vie juive!

Pour cela, le Rav ne faisait pas d'économie. Il recherchait l'Etrog le plus beau que l'on puisse trouver, sans aucun défaut, et mettait le prix et plus que le prix pour l'acquérir. Plusieurs semaines avant la fête, un émissaire partait à la grande ville chercher le précieux fruit.

Il fallait parfois poursuivre le voyage jusqu'à la capitale ou au port d'arrivée des Etroguim, mais rien ne retenait l'envoyé du Rav, sinon que la recherche d'un fruit parfait. Et le Rav avait chaque année le plus bel Etrog de la ville, d'autant qu'il était parfois le seul à avoir pu en acquérir un qui soit conforme.

Mais cette année là, l'émissaire revint bredouille. Il en avait pourtant vu des Etroguim. Mais ils n'étaient pas à sa norme: trop petit ou trop vert, taché, rayé, égratigné, pas assez formé, informe ou difforme … Même les plus beaux d'entre eux ne sauraient convenir aux exigences du Rav, car ils ne pouvaient être considérés comme parfaits.

La ville entière, comme le Rav, en fut remuée. On mesurait ce que serait Souccoth sans Etrog dans la maison du Rav: c'est la ville entière qui manquerait la Mitsvah de la fête.

On apprit peu après qu'un voyageur avait attesté que dans une ville lointaine un riche bourgeois avait acquis un Etrog de toute splendeur. Deux proches du Rav se mirent immédiatement en route, dans un carrosse. Après cinq jours de voyage, ils arrivèrent effectivement dans cette ville, et se présentèrent sans attendre chez cet homme, qui leur montra avec empressement son Etrog.

Un splendide Etrog conservé avec soin dans du coton, dans un boîtier en argent.

"Mmm, splendide, c'est exactement ce que recherche notre Rav!" Ils sortirent de leur bourse une énorme somme d'argent pour la remettre à leur hôte.

"Non messieurs, il y a erreur. Moi aussi je suis juif, et moi aussi j'ai besoin d'un Etrog de qualité pour la fête. Je suis désolé pour votre Rabbin, mais mon Etrog n'est pas à vendre".

Les deux émissaires n'avaient pas prévu ça. Ils tentèrent d'amadouer l'homme, de leur parler de la grandeur du Rav et de la joie qu'il aurait de bénir les "quatre espèces" avec un tel Etrog, du mérite qu'il aurait lorsque la ville entière utiliserait cet Etrog pour la fête, de l'assurer qu'il pourrait sans peine trouver un Etrog cacher pour la fête et qu'il lui resterait encore de l'argent.

C'était non avec un grand N! Le maître de maison était bien décidé à ne pas lâcher son Etrog, qui était le plus beau qu'il ait jamais acheté, et qui honorerait sa fête. Ni pour le plaisir du Rav, ni pour tout l'or du monde.

Fort déçus, les émissaires remontèrent dans le carrosse, et ordonnèrent au cocher de revenir à la ville. Le maître de maison les rejoint avant qu'ils ne partent.

"Messieurs, sous une condition, je suis prêt à offrir cet Etrog à votre Rav."

...!!! (regard étonné et lueur d'espoir des émissaires)

Voyez-vous, j'ai de la richesse et des honneurs à profusion, une femme digne d'éloges. Mais nous n'avons pas d'enfants. Nous ne sommes plus très jeunes, et cela ne s'arrange pas avec le temps. Je peux offrir cet Etrog gratuitement à votre Rav, s'il nous bénit de la naissance d'un enfant. Mais ce cadeau est conditionnel. Si l'an prochain nous avons un enfant, alors cet Etrog lui est offert et lui appartient. Mais si, à D.ieu ne plaise, nous n'avons pas d'enfants, alors cet Etrog ne lui appartient pas, même rétroactivement. Il aura eu pour la fête un Etrog ne lui appartenant pas, un Etrog volé en quelque sorte, avec lequel il ne peut s'acquitter de la Mitsvah des "quatre espèces", et il aura fait les bénédictions en vain"

La déconvenue était totale. Ils essayèrent à nouveau d'amadouer l'homme, de l'assurer qu'il devait donner son Etrog et placer en D.ieu toute sa confiance dans la réalisation de la bénédiction divine, mais rien n'y fit.

"Messieurs, c'est à prendre ou à laisser, je ne bougerai pas de ma proposition. "

Après une longue réflexion, les émissaires acceptèrent de prendre l'Etrog aux conditions fixées par son propriétaire, et se mirent en route.

Dès leur retour, ils vinrent annoncer au Rav qu'ils avaient un Etrog, et de plus un Etrog de toute beauté. Le Rav examina avec joie et affection son Etrog et était au comble de l'excitation.

"Mais … "

"Quoi mais?"

"Mais … il y a juste … une … condition"

Le Rav les écouta d'un visage soucieux. Toute sa joie venait de disparaître. Un silence tendu et grave prit sa place.

"J'accepte la condition, finit par déclarer le Rav. Je les bénis et me joins à eux pour que D.ieu exauce leur prière, et D.ieu dans sa bonté fera ce qu'il fera."

Il reprit l'Etrog dans ses mains, le contempla à nouveau et plus rien n'existait. Il attendit avec impatience que la fête arrive pour bénir les quatre espèces comme il faut.

Une année passa. Peu avant Souccoth arriva un carrosse de la lointaine ville. Notre riche homme faisait savoir au Rav que sa bénédiction s'était réalisée, qu'un petit Moché était né.

En signe de reconnaissance, il envoyait au Rav un Etrog tout aussi beau que celui qu'il avait cédé l'année passée. Cette fois sans condition.

Cela se répéta de longues années durant. Le Rav recevait chaque année un Etrog parfait de toute beauté. Une année, l'Etrog fut apporté par un jeune enfant.

"Je suis le fils de l'Etrog" dit il en souriant. Mon père m'a chargé de vous apporter cet Etrog et de rester près de vous pour étudier la Torah.

C'est ainsi que Moché, ou plutôt Moche Etrog, comme tout le monde l'appelait resta de longues années dans la ville pour devenir un érudit de la Torah et apprendre à aimer les Mitsvoth. Dois je vous dire quelle était sa Mitsvah préférée?


Traduit et adapté par Aharon Haguei Israël oumoadav

Des Cédrats Après Souccot

(D'après le Yalkout Chimeoni sur Behoukotaï et Vayikra Rabba)

Extrait de "Ainsi agissaient nos Sages", Fondation Sefer, Paris 1979.

Il était une fois un homme qui avait l'habitude de donner beaucoup d'argent aux étudiants de la Torah et aux pauvres. Il aimait tellement faire la charité qu'il avait vendu sa grande maison pour pouvoir aider les pauvres et que lui et sa famille se contentaient d'un tout petit logement. Ils vivaient de peu. Sa femme faisait de petits travaux et gagnait juste ce qu'il leur fallait pour vivre, tandis que lui était occupé tout le jour à faire des Mitsvot et de bonnes actions.


A la fin de la fête de Souccot, le jour de Hochanna Rabba, sa femme lui donna dix pièces qu'elle avait reçues en salaire et lui dit: "Va donc au marché et achète quelque chose pour les enfants en l'honneur de la fête!" L'homme alla au marché comme sa femme le lui avait dit et chercha à acheter quelque chose qui ferait plaisir aux enfants. Au même moment, deux hommes qui ramassaient de l'argent pour les pauvres traversèrent le marché.

Quand ils le virent, ils se réjouirent fort et se dirent l'un à l'autre:

"Voici l'homme aux bonnes actions qui passe. Il nous donnera sûrement une grosse somme pour les pauvres!" Les encaisseurs de la caisse de bienfaisance le connaissaient bien et savaient qu'il donnait toujours plus d'aumônes que les autres mais ils ne savaient pas qu'il n'avait plus d'argent. Ils s'approchèrent de lui et lui dirent:

"Nous serions heureux que tu participes à la bonne action dont nous nous occupons. Une pauvre orpheline, qui n'a ni père ni mère, va se marier et nous voulons lui acheter une belle robe pour le jour de ses noces. Elle aussi veut être belle et, à part nous, personne ne s'occupe d'elle."

L'homme se dit: "Il faut avoir pitié de cette pauvre orpheline qui n'a même pas de robe de mariée. Aider une fiancée est une grande Mitsvah, tandis que nos enfants, eux, ont encore leurs parents et ils seront sûrement heureux aujourd'hui, même si je ne leur apporte pas de cadeaux".

L'homme aux bonnes actions sortit de sa poche les dix pièces que sa femme lui avait données et les donna aux deux encaisseurs. Et comme il n'avait plus rien à faire au marché puisqu'il ne lui restait plus d'argent, il alla à la synagogue pour s'asseoir et étudier un peu de Tora.

La synagogue était vide. Tout le monde était déjà rentré à la maison mais les tables étaient pleines de cédrats que les enfants avaient laissés. L'homme aux bonnes actions réfléchit et se dit: "Ces cédrats n'appartiennent à personne. C'est exprès qu'on les a laissés car aujourd'hui c'est la dernière fois que nous avons fait la bénédiction du loulav et on n'a plus besoin d'eux. Je vais en prendre quelques-uns et, comme cela, je n'arriverai pas à la maison les mains vides." Car l'homme avait un peu honte devant sa femme d'arriver à la maison sans rien. Il trouva un sac dans la cour et le remplit de cédrats.

Sur son chemin vers la maison, il passa près du port et vit un bateau en partance. "Si je demandais du travail sur ce bateau, se dit il, je pourrais gagner un peu d'argent avant d'arriver à la maison. Que dira ma femme si j'apporte seulement un sac plein de cédrats qui n'ont aucune valeur? Elle se mettra sûrement en colère et se fâchera contre moi."

L'homme aux bonnes actions monta sur le bateau et demanda au capitaine de lui donner du travail. Celui-ci accepta aussitôt mais, au bout de peu de temps, le bateau leva l'ancre et l'homme aux bonnes actions n'eut pas le temps de descendre et c'est ainsi q u'il se trouva en route pour un pays lointain, de l'autre côté de la mer. Dès que le bateau arriva au port, l'homme aux bonnes actions mit pied à terre, chargea le sac de cédrats sur son épaule et partit pour la capitale dans l'espoir de trouver quelqu'un qui voudrait lui acheter ses cédrats.

Il marcha longtemps et, quand il fut fatigué, il se coucha sur son sac à l'ombre d'un arbre et s'endormit. Pendant ce temps, dans la capitale, au palais du roi, tout le monde était inquiet. Le roi souffrait de maux de ventre et les médecins ne savaient pas comment le guérir. Ils avaient déjà essayé tous les médicaments et le roi n'allait pas mieux. Le Saint béni soit ll donna une idée à un des médecins et celui-ci dit au roi:

"Si le roi mangeait un de ces cédrats sur lesquels les juifs disent une bénédiction le jour de Hochanna Rabba, il guérirait aussitôt."

Le roi ordonna d'envoyer tous ses serviteurs chercher des cédrats et même les ministres et tout le peuple se mirent en quête de cédrats. Ils cherchèrent dans toutes les villes et tous les villages, dans les marchés et dans les magasins, et même dans les bateaux qui venaient de l'étranger. Ils cherchèrent en vain. Car qui aurait l'idée de garder des cédrats après Soukot'? Dans leurs recherches les envoyés du roi arrivèrent aussi chez l'homme aux bonnes actions qui dormait sous son arbre. Ils l'éveillèrent de son sommeil et lui demandèrent:

"Aurais tu quelque marchandise à vendre?" L'homme aux bonnes actions s'effraya car il ne savait pas ce qu'ils voulaient de lui. Qui sait, peut-être lui était il interdit de vendre quoi que ce soit dans ce pays'? Tout épouvanté, il leur répondit:

"Je n'ai rien. Je suis un pauvre homme, je n ai rien."

Mais les envoyés avaient remarqué le sac sur lequel il était couché et ils exigèrent: "Montre nous ce que tu as dans ton sac!" Quand ils ouvrirent le sac, ils y trouvèrent des cédrats et se réjouirent fort mais ils n'étaient pas encore bien sûrs que c'était bien les cédrats dont le médecin avait parlés. Aussi ils demandèrent: "D'où viennent ces cédrats?"

L'homme aux bonnes actions eut encore plus peur et bégaya:

"Ca? Ce sont de vieux cédrats sur lesquels les juifs ont dit une bénédiction à Hochanna Rabba. On n'avait plus besoin d'eux et je les ai pris, il n'y a sûrement rien de mal là-dedans!"

Le visage des envoyés rayonnait de joie: "Mais c'est exactement ce que nous cherchons!" Et ils dirent à l'homme aux bonnes actions:

"Nous avons besoin de ces cédrats pour le roi. Viens avec nous, n'aie pas peur. Le roi te paiera sûrement un bon prix pour ta marchandise." Aussitôt ils le conduisirent avec son sac chez le roi. Le roi mangea un cédrat et le Saint béni soit Il fit un miracle et le roi guérit aussitôt.

"Je veux t'acheter tout le sac, dit le roi à l'homme aux bonnes actions. On ne sait jamais, si je tombe de nouveau malade, peut-être n'arriverai je pas à retrouver de ces cédrats bénis, mais, ne t'inquiète pas, je te paierai un bon prix."

Le roi appela ses trésoriers et leur ordonna de remplir le sac de pièces d'or et, quand il apprit que l'homme aux bonnes actions venait d'un pays lointain et désirait retourner dans sa famille, il lui fit donner un bateau et le renvoya avec beaucoup d'honneurs.

Entre temps, sa femme, ses enfants et ses nombreux amis s'étaient inquiétés de son sort car personne ne savait comment il avait disparu. Il revint à la maison plus riche qu'il ne l'avait jamais été. L'or qu'il avait reçu en échange de ses vieux cédrats lui suffit pour racheter son ancienne maison, nourrir sa famille largement et donner beaucoup d'argent aux pauvres tout le reste de sa vie.


Edition Kehot

Souccoth en cabane

Déporté en Sibérie comme des millions d’autres innocents (Juifs en majorité), Reb Na’hman Rosman fit dans un camp la connaissance de Reb Acher Sossenkin, un ‘Hassid qui lui enseigna la Torah et la pratique des commandements.

Un jour, Reb Acher m’expliqua que chez nous, les Juifs, il existe une très jolie fête qui s’appelle Souccot. On construit une cabane qu’on recouvre de branchages et dans laquelle on habite durant huit jours. Je décidai donc de construire une Soucca quoi qu’il arrive.

Après beaucoup d’efforts, je parvins à trouver et à acheminer des planches et des branchages. Reb Acher me prévint que je risquais vraiment ma vie mais rien ne pouvait me faire changer de décision. C’est ainsi qu’à l’approche de la fête, j’avais réussi à construire ma Souccah, cachère à 100%!

Reb Acher était émerveillé et cependant, il ne cessa de m’avertir que, dès que les gardiens s’en apercevraient, ils réagiraient avec violence. Effectivement, les gardiens arrivèrent, aperçurent la cabane et, sans dire un mot, me forcèrent à monter dans leur voiture et m’amenèrent chez le commandant du camp.

Celui-ci me demanda, d’un ton très sévère, pourquoi j’avais construit cette cabane. "Camarade commandant, répondis-je, le temps risque de changer d’un moment à l’autre. Bientôt, la pluie et la neige tomberont sans s’arrêter. Ces planches qui étaient abandonnées risquent de devenir humides et de pourrir, ce qui représente une grande perte d’argent pour le camp. C’est pourquoi j’ai pris ces planches et je les ai accrochées l’une à l’autre et je les ai recouvertes de branches d’arbre pour les protéger ".

(A cette époque, comme j’étais déjà un ancien prisonnier, je n’étais plus soumis aux travaux forcés les plus durs comme Reb Acher mais j’étais employé aux écritures). "Je me suis senti responsable de ces planches, du fait que j’étais en charge de la réserve de bois. Et c’est pourquoi j’ai pris l’initiative de protéger le matériel du camp!"

Stupéfait, le commandant ne cacha pas son admiration. Son visage exprimait maintenant une satisfaction évidente et il ordonna aux gardiens de me ramener à ma baraque sans me faire de mal.

Le lendemain matin, comme d’habitude, les gardiens réveillèrent sans ménagement les prisonniers pour procéder à l’appel. Debout, en rangs, nous attendions que le commandant énumère tous les noms et nous donne ses instructions pour la journée. Soudain le commandant appela un des soldats et lui chuchota quelques mots à l’oreille.

Le soldat se dirigea vers moi et me plaça à côté du commandant. Tous les prisonniers me regardèrent avec pitié: j’allais certainement être lourdement condamné pour avoir construit une Souccah, un objet religieux juif, alors que je purgeais ma peine en Sibérie.

Le commandant scruta tous les prisonniers puis déclara à voix haute: "Vous devez tous prendre exemple sur ce prisonnier si dévoué à la cause de la Révolution! Il mérite toute notre considération tant il prend soin des biens de notre camp. Il n’a épargné aucun effort, malgré sa fatigue, et, de sa propre initiative, il a construit une cabane pour protéger les planches en bois. Vous devez tous agir comme lui! "

Et, avec une tape amicale sur mon épaule, il me fit signe de rejoindre ma place…

A sa sortie des camps du Goulag, Reb Na’hman avait complètement adopté la pratique traditionnelle des Mitsvot et, quand je l’ai rencontré à Tachkent, il faisait partie du groupe des ‘Hassidim.

Mena’hem Margoline traduit par Feiga Lubecki

Comment décorer sa Souccah?

La veille de Souccot, Rabbi Haïm de Tsanz, connu pour la largesse de ses dons, à la démesure de la pauvreté de sa maison, distribuait la Tsédakah de façon bien plus large qu'à l'accoutumée. Une année, il confia à ses fils qu'il avait besoin de plusieurs milliers de roubles, que ses fils partirent emprunter à divers bourgeois de la ville. Il eut vite fait de les distribuer le jour même, avant que la fête de Souccot commence.

Le soir venu, lorsqu'il rentra dans la Souccah, il marqua une pause et leur dit: "Les gens ont l'habitude de décorer leur Souccah avec toutes sortes de choses splendides: des tentures, des couverts, des bougeoirs et des coupes d'orfèvrerie, du mobilier, des fruits rares… Ce n'est pas mon genre. La Tsédakah, c'est mon véritable décor de la Souccah. "

++++

Les fils de Rabbi Haïm de Tsanz se plaignirent un jour à lui de son usage fort ruineux de distribuer la Tsédakah sans compter la veille de Souccot à des centaines de personnes qui venaient le quémander, alors même que sa maison était vide de meubles, de provision, de vêtements de fête… Le peu qui restait avait été gagé pour trouver encore quelques pièces qui partiraient dans la poche des visiteurs.

"Papa, nous n'avons jamais lu dans les saints livres qu'il y ait une Mitsvah de donner la Tsédakah une fois qu'on a vidé la maison!"

"Assassins de fils! Vous voyez bien que votre père n'a pas le mérite de la Torah, pas la moindre trace de crainte de D.ieu, et vous voulez m'enlever le peu de bonnes actions que je suis capable de faire …!"

Traduit de Sipouréi 'Hassidim, Série: Moadim, de Rav Chlomoh Yossef Zevin.

Une Souccah chère payée

Un modeste tailleur se présenta un jour chez Rabbi Haïm de Tsanz avec la demande suivante.

Il avait été dans sa jeunesse au service de Rabbi Aryéh Leiboush, le père de Rabbi Haïm. Il arriva une année qu'il fit très froid durant la fête de Souccoth, et le jeune homme refusa de dormir dans la Souccah où Rabbi Aryéh Leiboush séjournait malgré le temps glacial. Le Rabbi insista, mais il persista à refuser, et Rabbi Aryéh Leiboush lui garantit la moitié de sa part dans le monde futur. C'est tout ce qu'il fallait pour convaincre notre futur tailleur.

Cinquante années étaient passées depuis, et notre homme était un jour tombé malade. Très malade. Il avait alors reçu la "visite" de Rabbi Aryéh Leiboush, qui avait disparu depuis longtemps.

"Mon ami, sache que le moment de quitter ce monde est arrivé. Mais tu peux choisir qu'il n'en soit pas ainsi. Si tu renonces à la part de monde futur que je t'ai promis, tu retrouveras ta santé. Ou sinon, tu peux me rejoindre dans le monde futur où tu recevras cette part."

Le tailleur avait choisi … de rester dans ce monde, avait abandonné sa place à côté du Rabbi, pour poursuivre sa route terrestre et avait guéri.

Maintenant guéri, il avait des remords et venait voir Rabbi Haïm de Tsanz pour annuler sa décision et intercéder auprès de son père.

Rabbi Haïm de Tsanz écouta l'histoire en souriant, et ne donna pas de réponse…

Traduit de Sipouréi 'Hassidim,

Série: Moadim, de Rav Chlomoh Yossef Zevin.


A chacun son Etrog

En Russie ou en Ukraine, il n'était pas facile de trouver un Etrog. Surtout un bel Etrog. C'est pourquoi les 'Hassidim qui avaient l'occasion de voyager veillaient à chercher longtemps à l'avance un bel Etrog pour apporter à leur Maître, le Rabbi.

Ce sont surtout ceux qui faisaient du commerce et voyageaient au loin qui avaient l'opportunité de courir le pays pour y trouver un Etrog de qualité.


Et quelle joie lorsqu'il arrivait chez son Rabbi pour lui offrir son splendide Etrog! Le Rabbi se réjouissait de l'occasion d'accomplir la Mitsvah des quatre espèces avec un Etrog de la meilleure qualité et de l'affection que lui portait son 'Hassid. Et le 'Hassid se réjouissait de savoir son Maître satisfait.

Cette année là, Elimelekh, commerçant en tissus, un 'Hassid attaché à Rabbi Mordekhaï de Tchernobyl, s'était mis en route dès Pessa'h. Son lointain voyage devait lui permettre d'être de retour pour les fêtes de Tichri.

Un mois avant son retour, début Elloul, il eut l'occasion d'acquérir un Etrog de toute beauté. Il remercia le ciel de lui avoir donné l'occasion de trouver un si bel objet de Mitsvah et de procurer à coup sûr un grand plaisir à son Rabbi. Il paya largement l'Etrog, et l'emballa avec précaution dans de la fibre de lin avant de le ranger au fond de sa malle.

Quelque temps plus tard, sur son chemin du retour, on lui proposa un autre Etrog, jaune et bien formé, sans défaut. Reb Elimelekh hésita. "J'ai déjà acheté un Etrog pour le Rabbi, et quant à moi je ferai la bénédiction sur l' Etrog même du Rabbi, comme les années précédentes. Qu'ai je besoin d'un Etrog de plus?"

Finalement il acheta cet Etrog: n'allait il pas passer par Ruzhin sur la route de Tchernobyl? Il y avait là bas le fameux Rabbi Israël de Ruzhin, dont il avait eu maintes fois l'occasion de recevoir d'inoubliables bénédictions.

Un soir, dans un de ses dernières étapes, Reb Elimelekh rencontra de ses amis, 'Hassidim de Rabbi Mordekhaï de Tchernobyl. Il leur parla de son fructueux voyage, de sa réussite, du superbe Etrog qu'il avait destiné au Rabbi.

Sur leur demande, il sortit l'Etrog de ses bagages, et leur présenta les deux Etroguim.

"Le second, leur expliqua-t-il est pour le Saint Rabbi de Ruzhin."

Un grand silence accueillit cette dernière remarque. Mis côte à côte, il était clair que le second Etrog était bien plus beau que le premier…

"Tu devrais donner le premier au Rabbi de Ruzhin, et garder le second pour notre Rabbi…"

A vrai dire, c'est ce qui s'imposait, et Reb Elimelekh en décida ainsi.

Quelques jours plus tard, à Ruzhin, Reb Elimelekh se pressait parmi les 'Hassidim venus recevoir la bénédiction du Saint Rabbi Israël de Ruzhin. Il lui déclara qu'il lui avait apporté un Etrog en présent. Le Rabbi fit un grand sourire.

"Le voir est déjà une bonne chose" lui déclara le Tsaddik.

Il prit l' Etrog en main, et l'examina avec étonnement.

"Est ce vraiment mon Etrog? Est ce vraiment cet Etrog que tu as acheté pour moi?"

Reb Elimelekh sentit son ventre se serrer.

Le Rabbi de Ruzhin, surnommé le "Voyant" avait vu que ce n'était pas cet Etrog là qui avait été acheté pour lui… Il bredouilla qu'il y avait eu erreur, et sortit le second Etrog, le merveilleux Etrog qu'il avait finalement décidé d'offrir à son Rabbi à lui…

Le visage du Tsaddik s'éclaira en un instant. "Un bel Etrog, très beau". Il bénit longuement Reb Elimelekh … Peu de temps après, Reb Elimelekh arriva à Tchernobyl. Sans s'attarder chez lui, il se présenta devant Rabbi Mordekhaï, et lui tendit sans un mot l' Etrog qui lui restait.

Le regard du Rabbi alla plusieurs fois de l' Etrog à Reb Elimelekh, avec un air étonné.

"Qui a touché à mon Etrog?"

Reb Elimelekh était sidéré par cette manifestation évidente de "Roua'h hakodech" (esprit de Sainteté) de son Maître.

"Racontes moi comment cet Etrog est arrivé entre tes mains, et tout ce que tu as fait depuis!"

Reb Elimelekh fut bien obligé de raconter à son Maître tout ce qui s'était passé.

"Saches, Reb Elimelekh, qu'il est décidé à Tou Bichvat quel Etrog chacun méritera pour la fête.

Le Saint Ruzhiner savait parfaitement quel Etrog il avait mérité. Mais lorsqu'il a vu l' Etrog que tu lui as présenté en premier, il s'est demandé s'il avait démérité … Il a revu tous ses pensées, paroles et actes et a conclu qu'il méritait effectivement l'Etrog qu'on lui a présenté à Tou Bichvat, et pas un autre.

C'est pourquoi il n'a pas voulu recevoir cet Etrog, qui n'était pas l'Etrog qui lui était destiné..

Mais comme il a eu mon Etrog dans ses saintes mains, cet Etrog n'est plus le même, j'ai senti ce changement…"