YISRAEL LIPKINE De Salant

Un article de Biographies.

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né en Lituanie en 1810, décédé à Königsberg en 1883 connu sous le nom de Rabbi Yisrael Salanter, personnalité hors du commun qui marqua profondément les dernières générations.

Fondateur de l'école du Moussar, qui insiste sur l'importance de l'élévation spirituelle de l'homme par un constant et profond travail de réflexion morale sur soi. Il refuse de devenir le rav de Brisk, pourtant l'une des communautés les plus importantes de Lituanie, mais dirige une Yechiva à Vilna où son influence était grande, puis à Kovno/Kaunas, et passe la fin de ses jours en Allemagne pour des raisons de santé.

Il vit deux ans en France où il tente d'insuffler un regain de spiritualité aux Juifs de l'Est qui s'y sont installés. Son influence est décisive sur les Yechivot lituaniennes qu'il marque, malgré de vives oppositions au départ, d'une empreinte profonde, en particulier par l'introduction de l'étude du Moussar.

Il n'a pas laissé d'ouvrages personnels, mais son disciple, Rabbi Yitshaq Blazer, transmettra une partie de son message dans Or Yisrael, père du mouvement préconisant l'approfondissement des livres de morale religieuse.

Chef spirituel de la Yechiva de Vilna, en Lituanie, puis de celle de Kovno, il enseigne la nécessité d'éliminer les défauts que l'homme découvre dans son caractère, et de viser à toujours s'améliorer. Son enseignement est contenu dans plusieurs recueils.

Sommaire

Article de Hevrat Pinto

Rabbi Israël Salanter lisait à livre ouvert dans le coeur des humains

Un Chabbat, Rabbi Israël Salanter avait été invité à déjeuner par l’un des notables de la ville qui comptait également parmi ses amis. Mais Rabbi Israël déclina l’invitation en expliquant:

- Je m’interdis de manger où que ce soit, hors de chez moi, avant de m’être assuré du respect le plus parfait de la Cacheroute en particulier et de la Halakha en général.

Le notable lui répondit:

- Je puis vous assurer que tout, chez moi, est parfaitement conforme à la Torah et aux Mitsvot. Je n’achète ma viande que chez tel boucher connu pour sa crainte de D-ieu, et dont la marchandise est au-dessus de tout soupçon. Notre cuisinière est une bonne juive dont la conduite est, en tous points, irréprochable. C’est la veuve d’un Talmid Hakham, un érudit, et elle-même est issue d’une excellente famille. De plus, mon épouse entre souvent à la cuisine, pour veiller à tout. La veille de Chabbat, nous dressons une table splendide. Entre chacun des plats, nous parlons de Torah afin de ne pas être comparés, à D-ieu ne plaise, à ceux que les Sages appellent des «Mangeurs de sacrifices idolatres». Nous apprenons des dinim, nous chantons des cantiques en l’honneur du Chabbat et nous restons à table jusque tard dans la nuit, animés d’une joie immense.

Ce qu’entendant, Rabbi Israël Salanter ne put qu’accepter l’invitation. Il posa, toutefois, une condition : que, cette fois-ci, l’on abrège de deux heures le repas du vendredi soir. L’hôte accepta.

Ce vendredi soir donc, le repas se déroula plutôt rapidement. Entre chacun des plats, il n’y eut presque pas de paroles de Torah et c’est à peine si l’on entonna des cantiques de Chabbat. C’est ainsi qu’une heure plus tard, on en vint à la Birkat Hamazone. A ce moment-là, le maître de la maison se tourna vers Rabbi Israël et lui demanda de lui expliquer le pourquoi de l’étrange condition qu’il avait posée. Le Rav avait-il trouvé quoi que ce soit à redire sur la tenue de sa maison à table?

En réponse, Rabbi Israël fit appeler la veuve qui s’occupait de la cuisine et, avec beaucoup de finesse, «s’excusa» auprès d’elle de lui avoir infligé un travail si épuisant, ce soir-là. Comme elle s’étonnait, il lui dit:

- à cause de moi, vous avez été obligée de servir rapidement plat après plat, contrairement à vos habitudes.

En proie à une grande émotion, la cuisinière s’exclama :

- Puissent toutes les bénédictions possibles parvenir jusqu’au Rabbi ! Si seulement le Rabbi voulait bien venir ici tous les vendredis soirs ! Il faut dire que le maître de maison a l’habitude de prolonger les repas sabbatiques jusque très tard dans la nuit.

C’est bien vrai que cela m’épuise, d’autant que je travaille toute la journée, au point que mes jambes ne me tiennent plus. Mais ce soir grace au Rabbi, on a fait vite, et je peux ainsi rentrer chez moi plus tôt, pour me reposer !

Rabbi Israël se tourna vers son hôte et lui dit:

- Cette pauvre veuve a répondu à votre question et à votre étonnement. Certes, vous avez une bien belle façon de célébrer le repos du Chabbat, mais c’est en privant autrui du repos auquel, lui aussi, a droit.

Autre article de Hevrat Pinto

B'A' chaque époque, la Providence divine nous envoie des ames d’élite qui impriment leur sceau sur la génération et dont l’influence se fait sentir à la fois sur le moment et pour de nombreuses générations à venir.

L’un de ces sages exceptionnels fut Rabbi Israël de Salant. Il n’était ni rabbin ni décisionnaire, s’habillait comme quelqu’un du peuple, fuyait les postes officiels et se comportait comme un juif simple. Mais c’était un grand homme, et dans son cœur le buisson brûlait d’un feu sacré, d’une flamme divine qui ne s’éteignit jamais jusqu’à son dernier souffle. Rabbi ‘haim HaLevi Soloveitchik de Brisk comptait quatre grands qu’il estimait comparables aux Richonim, et qui sont : Rabbi Yehochoua Leib Diskin, Rabbi Israël de Salant, son père Rabbi Yossef Dov Soloveitchik et Rabbi Méïr Leibusch Malbim (ce propos a été rapporté par Rabbi Yossef Dov Soloveitchik, le Rav de Boston).

Bien qu’il se soit écoulé beaucoup de temps depuis son décès, son souvenir reste vivant parmi nous comme celui du père du mouvement du moussar, et sa personnalité représente un phare jusqu’à aujourd’hui.

Voici quelques histoires sur sa vie :

Sa confiance en Dieu était extraordinaire. Il se disait certain que toute requête que l’homme est absolument sûr de se voir accordée par le Ciel – finira par lui être accordée. Et si nous constatons que les espoirs des hommes sont déçus, c’est uniquement parce que leur confiance en Dieu n’était pas absolue.

Un jour, une discussion s’éleva entre lui et Rabbi Chemouël Strachon, l’auteur du Rachach sur le Talmud, sur la question de savoir si cette confiance était légitime lorsqu’il s’agissait de superflu. Rabbi Israël pensait que l’homme a le droit de prier pour quelque chose qui est considéré comme superflu, et Rabbi Chemouël n’était pas d’accord. Alors Rabbi Israël lui proposa de parier, et on verrait bien qui avait raison. Rabbi Chemouël accepta. Rabbi Israël lui dit : « A partir de ce moment-ci, je fais confiance à Dieu qu’Il m’enverra une montre, ce qui est pour moi quelque chose de superflu (à cette époque-là, seules quelques rares personnes possédaient une montre), et nous verrons bien s’Il me l’enverra. »

Six mois s’écoulèrent. Un jour entra chez Rabbi Chemouël un chrétien vêtu d’un uniforme de lieutenant, qui lui dit : Un soldat juif vient de mourir dans mon régiment, et avant sa mort il m’a donné une montre et m’a demandé de la donner au Rav des juifs. Rabbi Chemouël prit la montre et le remercia de s’être donné ce mal.

Alors il se rappela de son pari avec Rabbi Israël et lui fit demander de venir chez lui. Il lui remit la montre, en disant : « Dieu a entendu votre prière et vous a envoYe cette montre. Du ciel, il a été prouvé que la halakhah est conforme à votre opinion. »

Quand Rabbi Israël quitta la maison de son beau-père, il s’installa à Kovno pour trouver un travail, et commença avant tout par entrer au Beit Midrach pour étudier ses cours. A ce moment-là y entra également une personne riche de la ville de Kovno. Il vit Rabbi Israël, le prit en sympathie, s’approcha de lui pour le saluer et lui demanda ce qu’il faisait à Kovno. Rabbi Israël lui raconta qu’il était venu pour chercher un travail, et qu’il voulait faire du commerce. Le riche le regarda et lui dit : « Ecoutez-moi, jeune homme ! Vous ne m’avez pas l’air d’un commerçant, et il vaut mieux que vous vous consacriez aux intérêts du Ciel. J’ai entendu que dans une certaine petite ville on cherchait un instituteur pour les jeunes garçons, je vais vous donner une lettre de recommandation, et on vous donnera ce poste. »

Rabbi Israël refusa, en disant : « La responsabilité d’enseigner aux enfants d’Israël est trop grande et trop lourde pour moi, et je ne peux pas l’accepter. Je veux être commerçant. »

Le riche réfléchit un moment, et lui proposa d’être cho’het, car on en cherchait un à Kovno. « Surtout pas ! répondit Rabbi Israël. Un cho’het doit faire extrêmement attention, car c’est un travail sacré. Par la plus petite erreur, on peut donner de la nourriture tarèphe à toute la ville. Je veux être commerçant. »

Alors, l’homme lui demanda s’il avait de l’argent pour ouvrir une boutique. Rabbi Israël répondit que non. « Dans ces conditions, comment pourrez-vous faire du commerce ? s’étonna-t-il. – C’est très simple, répondit Rabbi Israël. Vous allez me prêter trois cents roubles et je vais ouvrir un commerce.

– Quoi, quoi ? commença à marmonner l’homme, je vais vous prêter trois cents roubles ? C’est une grosse somme, et je ne vous connais pas ! Comment puis-je savoir qu’on peut vous faire confiance ? Peut-être que vous êtes un trompeur, un bon à rien ! Est-ce que vous croyez que je suis fou ? »

Rabbi Israël se leva et répondit : « Ecoutez-moi, mon cher juif ! Tout à l’heure, vous me considériez comme une personne de confiance. Vous vouliez me donner un poste dans l’éducation des précieux enfants juifs. Vous aviez également assez confiance en moi pour mettre la cacherout des foyers juifs entre mes mains. Mais quand il s’agit de me prêter un peu d’argent, vous ne me connaissez déjà plus et je suis un trompeur ! Notre père Abraham se comportait autrement. Dans les questions matérielles, il faisait confiance à son serviteur Eliezer, ainsi qu’il est écrit : « qui gouverne tout ce qui est à lui », mais pour ce qui est des questions spirituelles, par exemple trouver une épouse pour son fils Yitz’hak, il n’a pas eu confiance en lui et il lui a fait prononcer un serment. »

Un jour, un grand Rav se trouvait chez lui. Rabbi Israël lui proposa quelque chose à manger, et ajouta que le plat était cacher sans aucun doute. L’invité s’étonna de ces paroles. Rabbi Israël lui expliqua que pour lui-même, il se pouvait que le plat ne soit pas cacher, parce que sa subsistance provenait d’un disciple généreux, qui peut-être se trompait en l’estimant tsaddik et gaon, auquel cas ses dons proviendraient d’une erreur, par conséquent l’argent serait le fruit d’un vol. Mais pour l’invité, il n’y avait aucun doute, car ce qu’il prendrait aurait déjà changé de propriétaire, donc ce plat était pour lui cacher selon toutes les opinions (Tenouat HaMoussar).

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il exprima devant Rabbi Fischel-Ber de la ville de Rassein, qui était un homme extrêmement aisé, l’opinion qu’il était interdit de profaner le Chabath pour lui s’il tombait malade un Chabath, parce qu’il avait un statut de voleur. Rabbi Fischel-Ber raconta cela à Rabbi Yitz’hak El’hanan, le Rav de Kovno. Celui-ci ne rit pas, mais réfléchit quelques instants et dit : « Dites à Rabbi Israël qu’il a tort. Il est permis de profaner le Chabath pour lui. » Et ses disciples racontent que Rabbi Israël tomba malade un dimanche et mourut un vendredi matin, si bien qu’en fait il n’y eut aucun besoin de profaner le Chabath pour lui

(entendu de Rabbi Ya’akov Kamenetski).

Autre article

Rabbi Israël naquit en 5570 (1810) dans la ville de Zaguer en Lituanie, de Rabbi Zéev Wolf, auteur de « Hagahot ben Arie » sur le Talmud.

Il fut d’abord élevé par son père, puis étudia chez Rabbi Tsvi Broïda, le Rav de Salant. Il réussissait très bien dans ses études, et avant d’avoir treize ans connaissait déjà tout le Talmud par cœur.

A dix-huit ans il s’installa à Salant, dont il porte le nom : Rabbi Israël Salanter. Outre sa grandeur en Torah, Rabbi Israël était un géant dans le domaine du moussar et des traits de caractère.

Il publia un article important du nom de Iggéret HaMoussar, où il invite le lecteur à étudier le moussar. Cet article s’est répandu dans toutes les Yechivot, et l’on s’est mis à étudier en profondeur ses saintes paroles. Ce fut le point de départ d’un grand mouvement, le mouvement du moussar.

En 5643 (1883), alors qu’il se trouvait à Koenigsberg, Rabbi Israël tomba malade, et le 25 Chevat, son ame pure monta au Ciel.

Il n’a pas laissé de livres, mais il a laissé des disciples qui ont répandu sa Torah dans le monde entier.


Kountrass